6 jours , 6 frontières, Leçon en 6 actes.

L’un des intérêts de partir à deux plutôt qu’en poor lonesome cowboy, c’est que l’autre aussi peut se coller au récit de l’aventure.
Je vous laisse avec Ré.
Salut.
Bisou.
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Ça commence tout petit, déjà.
L’eau mouille, le feu brûle, quand on saute sur un lit on a de fortes chances de finir par s’aplatir le blaze contre la penderie des parents…
La vie est une succession de leçons.

A l’école ensuite on nous en colle jusque là, encore et encore, à apprendre par cœur, à réciter, à digérer.
« La distance la plus courte entre deux points est la ligne droite », par exemple.

Mise en situation.
Leçon de vie en six actes.

Acte 1. Lundi 17 août, Strasbourg.

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Le soleil venait à peine de se lever, ce lundi à 12h20, quand Charlie et moi quittâmes la plaine alsacienne pour la montagne haut-savoyarde. Bleuchette et Bertrand avaient revêtu leurs tenues de voyage et n’attendaient plus que nos miches pour pétarader joyeusement par monts et par vaux.

Mais comme juste des monts et des vaux on trouvait ça chiant, on a commencé par des fleuves. Parce que la discrimination nous on est contre, et que les fleuves aussi ont le droit de voyager.

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Alors on a mis les filles sur le bac pour traverser le Rhin, quitter le pays et commencer à en traverser un autre.

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On a donc mis le cap au sud direction la forêt noire. Le soir venu, nous avons trouvé refuge dans les profondeurs paysannes bavaroises. Mi-forêt, mi-prairie, mi-champ (oui, je sais, ça fait trois moitiés donc ça veut rien dire mais je dis ce que je veux).

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Nous dressâmes alors notre premier campement sauvage, allumâmes notre premier feu où nous brûlâmes les restes de cette impatience qui nous avait torturés des mois durant. Nous y étions enfin, cette fois. Sur la route, libres comme l’air, indétectables, insaisissables, indomptables.

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J’empoignai mon harmonica, Charlie son banjo, et nous jouâmes de vieux airs du Kentucky jusqu’à ce que le hurlement lointain des coyotes nous collent les miquettes et nous poussent à nous abriter, sous la bonne garde de nos fidèles montures.
La leçon qu’on a retenue ce jour-là c’est que faut pas croire ce que les gens racontent. On peut encore faire ce qu’on veut, dans ce monde. Suffit juste de le faire discrètement.

Acte 2.
Mardi.

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On s’est levés frais comme des laitues et prêts à atteindre les rives de notre première vraie étape. Parce que partir au pif c’est bien, mais faut quand même savoir à peu près où on va pour pas rater les belles choses.
Direction donc le lac de Constance que l’Allemagne, l’Autriche et la Suisse se partagent pour le petit-déjeuner à Überlingen.

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De là direction l’Autriche…

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…qu’on a fini par atteindre sous un ciel de plus en plus moins en moins, voyez le genre ?

Mais comme en plus d’être des indétectables, insaisissables et indomptables on est aussi des intrépides, on a bravé la flotte qui a fini par nous tomber carrément sur le coin du museau jusqu’à ce que Charlie, suivant son instinct apache (oui, parce que peu de monde le sait mais chez les apaches, Charlie signifie petite belette virevoltante), nous dégotte un coin aux petits oignons.

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Deuxième campement, deuxième feu, premier séchage.

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La leçon de ce jour là c’est que la pluie c’est comme les impôts. Ça fait mal que quand on y pense.

Acte 3.
Mercredi.

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Ce mercredi 19 août fut LE jour de bravoure. Animés d’une farouche volonté d’en avoir rien à péter de la météo lamentable dont la destinée nous accablait, nous nous offrîmes un copieux petit-déjeuner à Innsbrück.

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Ce petit-déjeuner restera un moment clé de notre périple. Ce fût là, entre un thé à la menthe, une omelette et des brownies maison que nous décidâmes de suivre notre cœur plutôt que notre raison.
Nous savions qu’en décidant de poursuivre plus à l’est on se jetait dans la gueule du loup. Nous savions qu’on cherchait la merde.
Mais comme en plus d’être des indétectables, insaisissables, indomptables et des intrépides on est aussi des irréductibles, on s’est remis en route. Au programme, la traversée du Tyrol comme on l’imagine, avec les cols et les virages, mais sous la pluie parfois assaisonnée d’un brouillard comme on n’en n’avait encore jamais vu. D’ailleurs faudrait qu’on se renseigne mais je pense que les lois européennes interdisent des brouillards pareils.
Mais c’était cool, c’était bien, le brouillard. Au moins on ne voyait pas l’autre pleurer. D’ailleurs on ne se voyait même pas pleurer soi-même dans le rétro tellement on y voyait que dalle.
Puis enfin, au sommet d’un col, on atteignait notre but.

Slovénie.

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On s’est tombés dans les bras, on a dansé nus, coiffés de tournesols, les pieds bleus. On y était.
On n’avait pas imaginé ça exactement comme ça lorsqu’on avait décidé d’y aller, en juin. Mais finalement, ça avait son charme. Le petit gîte avec des draps propres et la douche chaude qui nous attendaient quelques kilomètres plus loin aussi, avait son charme. Super bien reçus alors qu’on ressemblait à deux réfugiés lituaniens,

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On n’avait plus qu’à profiter en attendant des lendemains qui chantent.
La leçon de ce jour-là c’était que la volonté c’est bien, mais le refus de l’adversité autant que des averses d’été, c’est mieux.

Acte 4.
Jeudi.

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On s’est réveillés on est allés voir dehors, et on a vu la Slovénie tout à fait autrement que la veille au soir.

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En fait, c’était carrément comme on l’imaginait. Là, on pouvait commencer à concrétiser. Les routes tantôt très sinueuses, tantôt parfaitement courbées, bordées de prairies de velours, de torrents aux eaux turquoises, de ravins, de vaches et de petits restau où on te sert du goulache à la polenta avec le sourire, au milieu de feuilles de vignes.

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Une merveille que cette journée. Même si le ciel recommençait à faire des siennes au fur et à mesure que la frontière italienne approchait.
On a fini par se décider à la passer, elle aussi

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en se promettant de revenir explorer plus en détails ce pays si prometteur.
Bref, c’était maintenant au tour de l’Italie d’avoir de nos nouvelles.
Vu qu’on était près de la mer et qu’on est aussi indécrottables qu’indétectables, insaisissables, indomptables, intrépides et irréductibles, ben on y est allés.
Cap sur Grado, sur le golf de Venise.

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Puis retour dans les terres où l’orage nous attendait. On a bien tenté de le laisser passer, à l’abri d’arcades commerçantes, au sec à une terrasse à boire du cappuccino, mais ça n’a pas suffi. On est finalement allés se faire rincer une dernière fois.
La leçon du jour cette fois, c’était qu’une belle journée c’est comme une main qu’on te tend. Faut toujours la saisir.

Acte 5.
Vendredi.

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Une fois de plus, le matin venu, on était de nouveau dans le bon.

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Cette fois, les combis allaient vraiment pouvoir sécher. On n’allait plus les mettre. Ca suffisait, les blagues qui mouillent. On est des indécrottables indétectables, insaisissables, indomptables, intrépides et irréductibles, pas des ostréiculteurs.
Bref tout ça on le savait pas encore mais on l’espérait tellement qu’on a décidé de fêter ça en retournant à la mer. Caorle était sur notre route (si on pliait assez bien la carte), alors pourquoi ne pas en profiter ?

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Après avoir accepté les chaleureuses félicitations d’un vieux monsieur qui nous a gentiment accosté dans la rue, on s’est mis en piste vers le nord et la région des grands lacs. En milieu d’aprem, on se baignait dans le lac de garde. Une plage municipale très accueillante, ombragée et tout, nous a permis d’en profiter pour prendre une bonne douche qui eut sur nous un effet pour le moins revigorant.

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Puis on passait une partie de la soirée au bord de celui d’Iséo…

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…avant une nuit à la belle étoile sur les hauteurs.
La leçon du jour : faut pas te contenter de peu si tu peux en avoir plus.

Acte 6.
Samedi.

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C’était samedi. C’était le dernier jour. C’était le début de l’après.
Nous, ce qu’on aime, c’est faire les choses bien. Et pour bien les faire, faut bien les commencer. Alors on a commencé par aller prendre encore un petit déjeuner estampillé classe internationale dans Bergame à peine réveillé.

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Puis cap sur la Suisse qu’on a rejoint une première fois à Locarno

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Une courte pause déjeuner, juste assez pour se dire qu’on n’est décidément bien que sur une selle, même avec des postures de pantin désarticulé ivre-mort…

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…puis on est repassés en Italie, puis on est de nouveau repassés en Suisse bref, on a eu du mal à choisir notre camp.

Tu veux savoir pourquoi ?

Bon.

Alors c’est là qu’il faut bien que tu écoutes ce que Réré et Pétrolette te disent.
Tu aimes les routes qui ravagent leur race ? Tu as envie d’avoir un orgasme qui dure 100 kilomètres hors préliminaires ? Alors suis ce conseil, enfourche ta XJ (si t’as autre chose ça marche aussi mais le faire avec une vraie moto c’est mieux) et mémorise cet itinéraire :

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Y a pas de photos parce que tu peux pas t’arrêter tous les 10 mètres mais sur la vie de la tête à ma main, tu ne le regretteras pas.
Ce qu’on te donne là, si tu ne connais pas, c’est du tuyau gold premium plus.
Le début du parcours est constitué d’une petite route très sinueuse. Du genre à te faire enchainer les petits virages serrés à en faire frotter les valises. Passée la localité de Re (ça ne s’invente pas), et après avoir franchi à nouveau la frontière italienne sur un pont suspendu, tu te retrouves face à une sorte de basilique de taille très respectable, perdue au milieu de la pampa.
Puis tu redescends dans la vallée et tu chopes au passage une route bien large, très roulante, aussi large que les virages qui te mènent jusqu’au col du Simplon où tu repasses la frontière Suisse. Le col est splendide, majestueux et impressionnant à la fois, et la descente aussi interminable que rapide.
Du plaisir ininterrompu à l’état pur.

Fin de la parenthèse érotico-routière.

Ne nous restait plus qu’à rejoindre ce pays que nous avions quitté 6 jours plus tôt par un autre col tout aussi stimulant, le col des Montets qui relie Martigny à Chamonix. Un barbecue nous attendait chez des amis qui avaient des tables, des chaises, l’électricité…
Un truc de fou !

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La leçon ultime de ce voyage, c’est que la distance la plus courte entre deux points c’est certainement pas la ligne droite.
Ces 1 800 kilomètres sur 6 jours nous ont paru si courts que c’est tout juste si on n’a pas l’impression d’avoir fait l’aller-retour à Super U pour y acheter des coquillettes.
La vraie leçon, ouais, c’est que dès que les soucis et les petits tracas du quotidien se font la malle, le temps n’existe plus.

Bien à vous,

Réré et Charlie

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